Vivarium

Réalisé par Lorcan Finnegan, sorti en 2019, co-production irlando-belgeo-dannoise.

L’histoire

Gemma et Tom  joué par Imogene Poots et Jesse Eisenberg, sont un couple de jeunes urbains de classe moyenne, elle est instit et lui exerce un métier manuel. Ils cherchent à acheter une maison pour s’installer et faire un enfant. Ils sont cependant incertains dans leur choix et ne veulent pas vivre en banlieue pavillonnaire. Mais voilà qu’ils rencontrent un agent immobilier qui veut les convaincre qu’ils ont des a priori sur la banlieue : c’est en fait un endroit vivant avec une population diversifiée. Sans bien comprendre pourquoi, ils se retrouvent à visiter une maison avec cet agent. Sur la route, ils écoutent The specials, « A message to you Rudy » et attirent la sympathie du spectateur par leur légèreté et leur spontanéité. A leur arrivée, le lotissement ressemble à un décor : maisons individuelles identiques ; vertes claires en façade et vert foncées à l’intérieur, blocs d’habitations découpés par des routes de manière géométrique. Tout est artificiel, donnant à la rue une atmosphère dérangeante. Hélas, la visite va finalement durer plus longtemps que prévu.

Les aspects horrifiques /!\ SPOILER

Ils ne peuvent pas sortir du lotissement qui est une réplique à l’infini de maisons avec jardins et de rues identiques : ils retournent malgré eux toujours au n°9. Il s’agit en fait d’un univers surnaturel : il n’y a pas d’explications techniques à l’enfermement.

La particularité horrifique du film tient dans la photographie : des couleurs presque saturées, une lumière du soleil très forte qui contribuent à une ambiance très artificielle. Les paysages des personnages sont composés de faux nuages avec un soleil en 2D et pas de vent. C’est une sorte de maquette du paradis des classes moyennes transformé en enfer. Pour Gemma et Tom, les journées sont vides : ils n’ont rien à faire, tout est sans but et répétitif. Ils n’ont aucune stimulations : pas d’activités, pas de programmes à la télé, pas de livres et pas de réseaux internet. Ils sont enfermés l’un avec l’autre et sont seuls. Seule manifestation d’une entitée extérieure l’apparition de cartons avec de la nourriture, mais celle-ci n’a aucun goût. Le spectateur assiste effaré à ce jour sans fin absurde, cette punition arbitraire et les personnes se débattre face à cette tragédie implacable : ils ne pourront jamais sortir.

Mais ils se retrouvent à s’occuper d’un être à l’apparence d’un enfant en échange d’une possible libération. Ils doivent le nourrir et l’éduquer.  Mais l’attachement à cet être est quasi-impossible : il a une voix qui ne correspond pas à celle d’un enfant, il les imite. Il n’est pas attendrissant et hurle de manière animale pour qu’on lui donne son petit déjeuner. Une scène montrant les véritables particularités et possibles origines de cet être est particulièrement horrifique et plonge Gemma dans l’effroi de la réalité dans laquelle elle se trouve.

J’ai aimé parce que …

C’est un film d’horreur qui sort de l’ordinaire, il est très absurde sur la vie pavillonnaire et le rêve de propriété.

La caricature de l’enfermement domestique avec la charge parentale et sa réaction genrée est réussie : élevage par défaut pour Gemma qui fini, contrite, par y trouver un refuge et désespoir de Tom qui s’éloigne de la vie quotidienne de son couple pour creuser un trou dans le jardin. 

La mise en scène d’un idéal de manière absurde pour montrer la quête vaine de la propriété et de la famille qui s’enferme sur elle-même : les personnages subissent un modèle imposé qu’ils n’ont pas choisi. Vouloir reproduire une norme sociale sans se demander quel environnement relationnel on va avoir est dangereux !é dans laquelle elle se trouve.

J’ai pas aimé parce que …

La mise en scène tient le spectateur mais le côté carton pâte laisse un peu sur sa fin : les personnages manquent de matière. La relation entre Tom et Gemma n’est pas assez développée, alors qu’un couple enfermé dans un huit clos, cela peut faire ressortir des tensions très intéressantes. L’aspect patiné du film renforce la mise en scène de l’acceptation de la situation, subie par les personnages. Cette soumission révolte le spectateur qui a envie de plus de colère, de violence de la part des personnages. Mais peut-être qu’il s’agit là d’un effet de réalisme.

La fin est absurde : elle montre une espèce qui vampirise les humains simplement pour se reproduire, à l’image des coucous, mais leur élan de reproduction est en vase clos, renvoyant à une image allégorique de la reproduction des espèces nous laissant un peu sur notre faim.

*Convection *Vas 6

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