It follows

Réalisé par David Robert Mitchell sorti en 2014, produit aux Etats-Unis.

L’histoire

Une lycéenne habitant Détroit passe une soirée avec un garçon fraîchement rencontré, Hugh. Alors qu’elle pense démarrer une relation, Jay, jouée par Maika Monroe, est agressée par Hugh juste après avoir eu une relation sexuelle avec lui. Attachée sur un fauteuil roulant, à l’étage d’un immense immeuble désaffecté, il lui explique qu’elle va désormais être poursuivie par « une chose » qui prend différents visages, connus ou inconnus, marche droit dans sa direction et si elle a le temps de l’atteindre, la tue : it follows. Jay va désormais être constamment traquée et ne peut se débarrasser de « it » qu’en ayant une relation sexuelle avec quelqu’un d’autre, qui sera à son tour traqué et ainsi de suite. Par contre, si la personne poursuivie meurt, « la chose » revient à la victime précédente. 

Après cette agression, Jay est recueillie par sa sœur et ses deux amis, et la bande va s’organiser pour protéger Jay.

Aspects horrifiques

La scène d’ouverture illustre la traque et le désespoir d’une jeune femme  (qui n’est pas Jay) prise dans un piège sans issue. Au matin, on la découvre morte sur la plage, le corps désarticulé. Seule référence du film au body horror, l’image a quelque chose d’absurde et de grotesque, mais rend réel la menace de « la chose ». Le film tiendra par la suite davantage du thriller psychologique : le spectateur sera saisi d’angoisse pour l’héroïne, Jay, et par la traque incessante qu’elle subit. La mise en scène est inspirée par les codes du slasher comme dans Halloween (1978) : « la chose » marche lentement et les personnages traqués sont filmés de dos. La capacité de « la chose » à prendre le visage de quelqu’un de connu par les victimes augmente encore la tension psychologique : par exemple, le père de Jay apparaît sur un toit, menaçant et nu. Face à elle, les personnages tentent de survivre : Comment dormir ? Où aller ? Comment trouver des informations pour se débarrasser de « la chose »  ? ; cette recherche d’une issue favorise notre identification aux personnages et à leurs tentatives inutiles à lutter, car  « la chose » est, hélas, très résistante. Les bâtiments désertiques de Détroit, au milieu desquels les personnages errent seuls renforcent le réalisme du film.

Le côté teenage du film, une bande d’adolescents qui parlent de relations amoureuses et regardent des films d’horreurs en mangeant du pop-corn, cohabite parfaitement avec la gravité de la situation. Le spectateur est en tension tout au long du film.

J’ai aimé parce que …

Les personnages ont des profils types qui fonctionnent bien.

La sœur de Jay, Kelly, est une figure adolescente inverse de celle de sa sœur : plus tournée vers l’amitié que les histoires de cœur, et ses deux amis, Paul et Yara, ont l’air d’être toujours avec elle. Ils jouent aux cartes et regardent des films d’horreurs en noir et blanc. D’ailleurs, la petite bande sera présente tout au long du film pour soutenir et protéger Jay. Mais ce sont principalement les garçons qui cherchent à la sauver ; le premier, Greg, par désir de plaire et par intérêt sexuel. La caméra pointe ses regards lubriques sur Yara, montrant un personnage désirant indifféremment toutes les femmes. 

/!\ spoiler

Greg va vite mourir parce qu’il ne croit pas Jay. Il est ainsi « sorti » de l’histoire parce qu’il n’est finalement pas très malin, même s’il a pu se montrer un peu courageux au début. L’ami de Kelly, Paul, en revanche, est un adolescent froid, qui ne sourit jamais et dont on comprend qu’il est amoureux de Jay par ses rictus jaloux. Son désir retenu est malaisant,  creepy. Kelly et Yara le regardent d’un air suspicieux lorsqu’il propose de dormir chez elles. Il cherche à être aimé par Jay en la protégeant ; impuissant dans un premier temps, ni très fort ni très malin, il finit par obtenir sa place auprès de Jay comme amoureux complice. Les hommes sont des protecteurs ratés, impuissants face à « la chose », ce qui est une critique de l’intérêt sexuel des hommes maquillé par des actes soit disant courageux. Seule la persévérance de la bande d’ado permet la survie de Jay. 

La fin est en revanche cynique : le couple est un refuge pour Jay, son « handicap » la pousse à se mettre en couple avec le nerd qui la comprend. Bof. Un peu trop cynique et dépréciatif pour Jay.

Par ailleurs, la chose pourrait bien être la parabole d’une maladie sexuellement transmissible : une menace, invisible à l’œil nu, mais qui plane de manière insidieuse au-dessus de la personne touchée, angoissée à l’idée de la transmettre, tant qu’à l’idée d’en mourir.

* Convection

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Une réponse

  1. Super critique! J’adore ce film pour ttes les raisons citées mais je rajouterais juste un bémol : attention ! Spoiler !
    L’idée de se débarrasser de ça/ »it » chez des travailleuses du sexe (TDS) est une fin putophobe. Comme si ça rendait cette fin moins grave ou plus glauque car c’est refilé à des personnes qui « vaudraient moins », seraient des personnes déjà perdues… Mais ça vient aussi jouer avec l’idée que les TDS seraient des courrois de transmission des IST /de « it ». Alors que c’est pas tant le TDS en soi qui augmente le risque d’exposition au IST mais surtout la précarité et les violences (qu’on soit TDS ou pas !)

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